Pour le Secrétariat d'État et de Culture du District Fédéral, et moi personnellement, c'est un motif de grande satisfaction de pouvoir apporter au public, l'importante exposition Cris et Prophéties de l'artiste pernamboucan Sérgio Bello.
Installé à Paris depuis 26 années et actif comme plasticien depuis 1969, à 17 ans d'âge, Bello n'a jamais perdu, ni arrêté de cultiver, ses profondes liaisons avec le Brésil, son histoire, sa vision, ses questions, et surtout son art. Sur celui-ci, il n'est presque pas nécessaire de souligner le rôle de ces vraies icônes qui sont ce que le Pays fut capable de produire tout au long de son histoire : les Prophètes de l'Aleijadinho. Ceux-ci, ont bien transcendé leur lieu magique de Congonhas do Campo, et même le Minas Gerais, et le Brésil, pour se transformer en référence essentielle de brésiliennité et du baroque mondial.
A mon avis, cette reconnaissance, fait ainsi prendre un risque, celui de transformer les sculptures si connues et reconnues, en une chose intouchable, inimitable. Sérgio Bello ne se pourtant pas laissé contenir par ce type de possibilité. Déjà en 1989, précisément l'année du bicentenaire de la Conjuration de Minas Gerais, il a en effet fait preuve éloquente de sensibilité quand il a exécuté les travaux qui ont osé revoir courageusement l'œuvre magistrale des Prophètes de l'Aleijadinho. Bien au delà du défi auto-imposé et du risque de retravailler pourtant les chefs-d'œuvre de l'Aleijadinho, Bello a été plus loin : il a fouillé exactement l'aspect peut-être le plus caché de ces Prophètes. Celui des messages politiques que le sculpteur avait inséré, par exemple, dans les textes inscrits en bas-reliefs et dans la disposition théâtrales des personnages, au Sanctuaire du Bon Jésus de Matosinhos (Minas Gerais - Brésil). Qui sait, en réponse au sculpteur génial ?
Une décennie après, les toiles de Bello sont montrées aujourd'hui pour la première fois au Brésil. Le temps n'a rien retiré de leur actualité, ni de leur vigueur qui, je suis sûr, rendra sensible le public à qui cette exposition se destine.
Finalement, il est fort bien que cette exposition se passe dans la Capitale du Pays, à l'occasion de la Semaine de la Culture. Nos jours sont toujours si troublants, de changements si rapides et exigent des reflétions permanentes sur le Brésil, sur le monde et sur les arts. Je crois que le pont que lance Bello en direction du passé, à l'Aleijadinho, peut nous servir de belle inspiration.


Pedro Henrique LOPES BORIO
Secrétaire d'État de Culture du District Fédéral.
Brasilia, Novembre 2003.